ET SI ON PARLAIT DE CE MARIAGE
QUI DÉFRAIE LA CHRONIQUE ?
Il m’est difficile d’évoquer ce sujet sur l’angle religieux. S’il faut donc parler de loi islamique, ce serait un autre débat. Pour ce qui est par contre du respect des lois républicaines, ce mariage reste valable jusqu’à preuve du contraire.
Pour ceux qui veulent apporter un plus à ce débat, il vous souviendra tout d’abord que la Guinée est un pays laïc, du moins c’est ce qui est écrit dans la loi. Par conséquent, au regard du Code civil qui réglemente le mariage – puisque la loi ne reconnaît en principe que le MARIAGE CIVIL – le mariage de deux majeurs n’est pas assujetti au consentement de leurs familles. Par voie de conséquence, le mariage de Monsieur Tamba et dame Hawa ou Esther ( selon votre convenance ) reste légal, d’autant plus que l’opposition des parents n’en ait pas été suffisamment motivée.
Maintenant, pour ce qui est des questions religieuses – puisqu’on insiste à nous ramener sur ce terrain – il me plait de dire qu’elles relèvent de l’ordre de l’intime. Quoiqu’on en dise, chacun est libre de ses commentaires.
Parlons maintenant du bon sens et de nos mœurs. J’ai pu recouper quelques informations ça et là. J’imagine que ceux qui ont des enfants m’attendent de pieds fermes. Après tout, quel parent serait d’accord avec ce genre de situation ? Sur ce point – et indépendamment des convictions religieuses des uns et des autres et / ou même des époux, il aurait été tout à fait souhaitable, je dirais même qu’il reste ENCORE NÉCESSAIRE que les deux familles soient associées au mariage de leurs enfants, d’une manière ou d’une autre. Pour ce qui est de leur consentement EXPLICITE, il arrive même que des mariages soient scellés sans l’aval de certains parents. Mais il reste tout de même clair que D’AUTRES prennent la charge de rapprocher les positions des uns et des autres. C’est d’ailleurs ce qui est le plus courant.
Pour ceux qui feront semblant de ne rien comprendre de ce que je dis, qu’il me soit alors permis de préciser davantage qu’il ne s’agit pas de SOUTENIR OU NON ce mariage. Ce n’est nullement mes propos. C’est une affaire qui tout d’abord d’ordre privé. Mon adhésion ou non ne compte pas. Je ne puis que donner ma position en simple observateur. Je ne juge personne. Ce soin revient à Dieu.
Je conseillerais tout de même aux MARIÉS de bien vouloir revenir en famille. Un mariage, c’est plus que de l’amour. C’est un lien de sang et par alliance. Bien plus si l’on veut ! Et aux parents de la fille, il me semble que c’est le moment pour eux aussi de tempérer leur position et de permettre un terrain d’entente. Il me semble qu’il est préférable pour eux – puisqu’ils tiennent à parler de religion – de garder leur fille musulmane et mariée ( en laissant le soin du jugement à Dieu ), que de lui laisser se convertir, se marier et en conflit avec eux. Même si je dois rappeler – et cela est nécessaire encore aujourd’hui – HEUREUSEMENT – que la liberté de religion est consacrée dans nos lois.
Aussi, pour tous ceux qui s’intéressent à ce sujet d’actualité, sachez que vos différentes préoccupations restent légitimes. Personne ne les nie ! Mais il va falloir élever plus le débat. Il ne suffit pas de regarder le monde avec ses propres lunettes. Il est quelques fois nécessaire de les enlever pour voir les choses du point de vue des autres. Tous les guinéens ne sont pas musulmans, et il n’est point interdit à un musulman – selon les lois de la République – de se convertir dans la religion de son choix ou même de ne plus être religieux du tout. Mais à mon regret, nombreux sont ces commentaires qui sont de nature à inciter un débat de religion qui n’en est pas du tout nécessaire.
Ali CAMARA